Saugues en Gévaudan est une ville qui a toujours été un lieu de foires et de marchés diversifiés et actifs, avec une grande affluence attestée par quelques images d'avant l'exode rural en Haute Loire, il y a plus d'un siècle.


   Au cours des années 70 on voit de près se réaliser les ventes dans la rue.

Les photographies des visages et les scènes de ce reportage, montrent que les marchandages donnaient lieu à de longs moments de palabres théâtralisées avec leurs éclats et … en conclu-sion "la pache" (prononcer "patche", mot occitan désignant un marché conclu par une tape dans la main).

 

         Voilà qui laisse à penser que c'était là, un élément fort de la culture locale.
  
    Puis au cours des années 2000 les négociations pour la vente de moutons et de petits veaux sont photographiées successivement dans un marché couvert maintenant éloigné du centre ville, mais qui offre depuis 1992 une hygiène et une amélioration du bien-être animal allant dans le sens des tendances actuelles,

 

   On y voit encore la dureté du marché de gré à gré dans le conflit d'intérêts entre l'acheteur et le vendeur. Avec en conclusion … accepter un ticket tendu d'une main autoritaire.

  Ici, à Saugues, ces transactions difficiles -voire pénibles pour certains- vont être rempla-cées sous peu par la vente en lots anonymes : une vente aux enchères organisées par un chef et dite "au cadran".

 


   D'un évènement aux pratiques héritées de la nuit des temps, accessible à tous dans l'espace public, lieu où l'écolier, le pensionnaire de l'hospice, le retraité, le passant, le curieux, l'ami, l'autre, pouvait s'imprégner, participer, voire intervenir … on va muter vers l'isolement et la dépersonnalisation, avec le règne du chiffre, du poids, du prix, dans un système où les protagonistes seront séparés et devront s'ignorer.